La bête à ma mère
04 janvier 2021
Critique par Julien Renaud

Luka Rocco Magnotta. Ce nom a semé la mort et la peur, en 2012. Il a notamment tué, mutilé et découpé le corps d’un étudiant chinois, à Montréal, avant d’en expédier les membres à des partis politiques. Il avait filmé son crime, comme il l’avait fait à quelques reprises avec des vidéos de cruauté animale.
Eh bien, le narrateur et personnage central de La bête à sa mère, premier roman d’une trilogie de David Goudreault, est un Magnotta en devenir. Lui aussi commence sur des animaux, surtout des chats, allant jusqu’à obtenir un emploi à la SPCA pour côtoyer de plus près la cruauté animale… et la perpétrer.
Bien qu’il aspire à une notoriété criminelle équivalente à Magnotta, il n’a pas la rigueur des plus grands tueurs. Il est naïf, très naïf. Maladroit, très maladroit. Se surestime, beaucoup. Manque de prudence, trop. Autant dans ses actes criminels que dans sa quête maternelle, vraiment. C’est une bête, une vraie. Une bêtise, voilà tout. Un minable qui se glorifie, sans humilité aucune.
En parallèle de la trame criminelle, il y a la trame familiale. Séparé de sa mère suicidaire lorsqu’il était plus jeune, le narrateur a accumulé les familles d’accueil au même rythme que les mauvais coups, qu’il prend bien soin de nous relater, avec fierté, toujours. Maintenant, il a retrouvé (localisé) sa supposée mère, l’observe, s’en approche et en rêve.
Ses maladresses l’empêcheront-elles de vivre des retrouvailles à la hauteur de ses attentes?
À l’image du personnage, l’écriture de David Goudreault est brute et violente. Mais elle est aussi drôle et trépidante. C’est un sans fautes. Vraiment, c’est bien écrit, cohérent, imagé, coloré. Ça se dévore.
La bête est parfois attachante; parfois dégoûtante. Tellement pathétique que comique.
Pour un lectorat averti, qui aime être froissé.
Après les animaux, les humains? C’est la suite typique, après tout.
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