Abattre la bête

19 janvier 2021

Critique par Julien Renaud

Je donne la note «plus-que-parfaite» à David Goudreault pour l’ultime volet de la trilogieLa bête, mon préféré! Cinq étoiles et demie!

Après avoir trouvé le personnage un peu trop prévisible dans le deuxième roman, mes attentes étaient réduites pour Abattre la bête, bien que j’espérais conclure cette aventure en criant au génie, transporté par le malicieux plaisir de découvrir un personnage plus grand que lui-même, tellement médiocre par moments, et une plume que je jalouse. Et ce fut le cas!

Le génie de la plume. Cet auteur joue avec les mots comme nul autre. Il y a plusieurs phrases que j’ai relues trois ou quatre fois pour les apprécier pleinement. J’ai ri aux éclats, me suis tapé sur la cuisse. J’ai même pris certains passages en photo. Ça risque de traîner longtemps dans mon iPhone pour rien, mais bon, je devais capturer ce génie. Je vous laisse d’ailleurs le plaisir de tomber sur ces savoureuses phrases, souvent grossières, parfois absurdes, régulièrement colorées, toujours imagées, avec des références sociales et culturelles, parfois bâclées, toujours saisissables.

Le génie du récit. Je n’ai rien deviné, rien anticipé, ou presque, dans ce troisième volet. Chaque page me donnait envie de continuer, même au beau milieu de la nuit, quand ma raison me rappelait à l’ordre. La bête, magnétique, m’attirait toujours plus loin. L’action a atteint le niveau de l’écriture et la richesse du personnage, rendant ce roman parfait, tout simplement «plus-que-parfait», comme le temps de verbe, avec les tirets, lequel sert seulement quand on se force à l’utiliser.

Pour la petite histoire, on assiste à l’évasion de la bête, puis à sa rocambolesque cavale pour retrouver sa mère, la quête commune aux trois récits, mais cette fois, c’est la dernière chance. Je n’en dis pas plus!

Le personnage a réussi à me surprendre de nouveau, m’a dévoilé de nouvelles facettes de lui-même, alors que je le pensais déjà à nu. Cet être aussi répugnant qu’attirant, comme l’est tout ce qui est interdit, je l’ai adopté et j’aurai de la misère à l’oublier. Quand l’intelligence et l’ignorance se rencontrent, que l’audace caresse sensuellement la fragilité, que la naïveté devient une force, que tout perdre rivalise avec ne rien gagner, on se retrouve devant un personnage unique et inoubliable. La bête porte si bien son nom, capable du pire, tout en nous donnant l’envie de la flatter et de voir ses yeux rouler de plaisir.

Abattre la bête ne pourrait être aussi sensationnel sans La bête à sa mère et La bête et sa cage. C’est le point d’orgue d’une grande oeuvre.

David Goudreault, sincèrement, bravo.

La bête, fuck yeah, I’ll miss u, bro.

Pour lire ma critique du premier volet, cliquez ici.

Pour lire ma critique du deuxième volet, cliquez ici.

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