Un viol ordinaire

06 novembre 2020

Critique par Vickie Lefebvre

Choquant. Surprenant. Nécessaire.

La prémisse du livre est celle de Laurent, homme de 39 ans, qui viole sa blonde. Celle-ci ose porter plainte. Ce dernier est donc accusé d’agression sexuelle.

C’est dans ce contexte que sa mère, Julie, amorce une profonde réflexion sur l’éducation qu’elle a donnée à son fils. Qu’est-ce qu’elle a fait de mal pour que son fils devienne un violeur? Avide de comprendre, elle lit des oeuvres sur le sujet et, surtout, elle essaie d’impliquer son mari, Paul, dans ses réflexions. Ce dernier croit que sa femme s’en fait trop et que leur fils n’a rien fait de mal. Après tout, une femme doit être là pour satisfaire son homme, non?

Ce livre est un choc des générations, une ode au féminisme et un point de départ pour une réflexion collective quant à la culture du viol. Le livre est tantôt choquant. «C’est ce maudit #MeToo qui a mêlé les gars comme moi, les vrais gars. Avant, tout était clair, simple: les gars partent à la conquête d’une fille, la fille le fait poireauter, elle se fait prier, elle veut, elle veut pas. Finalement, le gars est pris avec ses hormones, il finit par faire ce qu’il a à faire, puis elle est ben contente.»

Tantôt émouvant et tantôt rempli d’espoir. «Je vais commencer par changer, moi, puis après, j’espère devenir un modèle à suivre. Comme c’est là, nos modèles sont machos, plus ou moins. Je voudrais comme les femmes lancer un mouvement #MeToo, mais pour réveiller les hommes…»

Tous les personnages du livre réfléchissent au patriarcat, à la culture du viol, à l’égalité hommes-femmes. On reconnaît la société dans laquelle on vit, on se reconnaît dans certains passages, qu’on soit homme ou femme. Il s’agit d’une histoire humaine, réaliste et au goût du jour.

Le contenu plus que la forme

La majorité du livre est une suite de courriels envoyés d’une personne à l’autre. En effet, Julie n’arrive pas à communiquer en personne avec son mari, alors elle lui envoie des courriels. D’autres personnages, comme Laurent et Paul, utilisent aussi ce moyen de communication pour parler ouvertement de leurs sentiments.

Personnellement, je ne suis pas certaine de ce procédé. Je comprends le cheminement des personnages, mais j’aurais probablement aimé davantage une histoire sous une forme plus classique.

Malgré tout, le contenu est tellement bien présenté qu’on oublie vite cette forme particulière d’écriture. En plus, comme on passe d’un courriel à un autre, on finit par ne plus voir le temps passer. C’est un livre facile à lire, qui se dévore en quelques heures seulement.

En bref, je le recommande à tous. Je crois d’ailleurs que tous les hommes devraient le lire. Ça permettrait à plusieurs de mieux comprendre le mouvement #MeToo des dernières années.

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