Un mensonge de trop

27 janvier 2021

Critique par Micheline Poulin

Mathis Durand, 38 ans, nouvellement séparé et professeur de français dans une polyvalente, a passé sa soirée dans un bar à écouter un match de boxe avec Dave, un jeune homme de passage dans la région. Au moment de partir, il se laisse convaincre de prendre un dernier shooter. «Ce n’était pas un shooter qui ferait la différence.» Quand j’ai lu cette phrase, j’étais convaincue que CE shooter ferait toute la différence…

Mathis se réveille dans sa voiture dans le stationnement du bar. Il semble bien qu’il y ait passé la nuit et l’avant-midi. Il ne se souvient de rien. Il n’a plus son porte-monnaie et son bracelet en argent, qu’il ne retire jamais… Une douleur associée à des picotements à l’épaule… Il consulte à l’urgence dans un état anxieux : «On m’a injecté quelque chose dans le corps et j’ai aucune idée de ce que c’est!» Ses constantes sont suffisamment bonnes pour qu’il puisse rentrer chez lui. Quelques jours plus tard, son porte-monnaie lui revient avec, à l’intérieur, un bout de papier: «C’est parti.»

Il a l’impression qu’on le surveille. Son bracelet revient entre deux piles de serviettes. Une porte fermée qu’il avait laissée ouverte. Dès qu’il commence à recevoir des menaces, il en a la confirmation. Il ne doit pas contacter la police.

Que se passe-t-il? Qui sont ces gens qui semblent tout connaître de sa vie (et de ses mots de passe) et qui en prennent le contrôle? Pourquoi s’attaquer à lui? Il n’a jamais rien fait de répréhensible…

Un homme est trouvé pendu dans son appartement, et l’enquête de la police découvre qu’il a été drogué, surveillé et harcelé…

Un autre homme qui prétend avoir été drogué est en attente d’un procès…

Qu’est-ce qui lie ces hommes?

J’ai dévoré ce thriller de 400 pages en moins de 24 heures et je me suis rongé les ongles tant le suspense me tenait. Je croyais deviner les motifs des harceleurs, mais je n’y étais pas.

Le roman, divisé en trois parties, guide aisément le lecteur à travers une intrigue où l’expertise informatique permet à des criminels de pénétrer la vie d’un tiers au moyen d’ordinateurs performants, de caméras ultrasophistiquées et des réseaux sociaux, pour le harceler, le voler, le détruire. Nombreux recoupements et rebondissements. Personnages nuancés. Thèmes actuels: vol d’identité et de données, harcèlement, importance des réseaux sociaux et de l’informatique dans nos vies connectées, homosexualité, viol, conspiration, pédophilie, etc.

J’ai trouvé l’histoire réaliste, facile à comprendre; et le suspense, brillamment dosé. Le récit est original et la fin surprenante. L’écriture de l’auteur coule, fluide, et accélère la vitesse de lecture. Les chapitres sont courts, sauf un long et passionnant chapitre en début de deuxième partie, qui nous en apprend davantage sur le passé des personnages.

Un excellent thriller que je conseille à tous les lecteurs de romans policiers/romans noirs/thrillers.

Note: 17/20

Quatrième de couverture:
«Samedi, 14 h. Lorsque Mathis se réveille dans sa voiture, il ne comprend rien. Qu’est-ce qu’il fait là?

Peu à peu, quelques souvenirs flous se faufilent dans la mémoire de l’enseignant de troisième secondaire. Un verre, la veille. L’inconnu qui lui a offert à boire. Aurait-il été drogué?

De retour chez lui, il retrouve son portefeuille dans la boîte aux lettres. Le contenu en semble intact, mais on l’a accompagné d’une note: ”C’est parti.”

Mathis comprend que quelqu’un, quelque part, sait tout de sa vie privée. Tout. Une vidéo explicite où il tient la vedette a été dérobée de son ordinateur et sera diffusée à tous ses contacts, dont ses élèves, s’il n’accepte pas les conditions d’un odieux chantage. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg…

Une course folle, des événements terribles, une vie qui déraille, un cauchemar inimaginable: voici le troisième roman addictif d’un jeune auteur qui s’impose lentement mais sûrement comme un maître du roman noir québécois.»

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