Ténèbre
31 octobre 2020
Critique par Julien Renaud

«Pierre Claes a pour mission de matérialiser, à même les terres sauvages, le tracé exact de ce que l’Europe nomme alors le ‘‘progrès’’. À bord du Fleur de Bruges, glissant sur le fleuve Congo, l’accompagnent des travailleurs bantous et Xi Xiao, un maître tatoueur chinois, bourreau spécialisé dans l’art de la découpe humaine. Celui-ci décèle l’avenir en toute chose : Xi Xiao sait quelle oeuvre d’abomination est la colonisation, et il sait qu’il aimera le géomètre d’amour.»
J’ai entamé Ténèbre en sachant que j’avais entre les mains LE livre de l’année ou, du moins, un des livres de l’année, décoré à gauche et à droite, en haut et en bas, partout et en entier.
Malheureusement, je ne me suis pas abandonné dans ce récit de colonialisme, de mutilation et d’érotisme. J’ai certes apprécié l’audace de mélanger ces trois thèmes, si loin un de l’autre, dans un même ouvrage, mais je suis demeuré un lecteur-témoin, qui n’a pas vécu pleinement le voyage promis.
Ténèbre a été l’un de ces romans que l’on évite, parfois, comme lecteur. J’ai étiré sa lecture et ce qui est peut-être un concours de circonstances, un état d’esprit, a teinté mon appréciation.
Cela dit, j’y vois un vrai potentiel de roman coup de coeur… pour un autre coeur que le mien, visiblement. C’est bien écrit, original, audacieux. Mais j’ai trouvé ça aride, dense, surtout avec les retours dans le temps qui en font un récit discontinu, fragmenté.
Le personnage de Xi Xiao fut l’élément le plus excitant de ma lecture. Je lui aurais sans doute consacré un roman complet, avec des personnages secondaires. Lui avait quelque chose de fascinant à me proposer. Pierre Claes, le personnage principal, n’est pas inintéressant pour autant, mais je l’aurais préféré dans le moment présent, dans un récit linéaire et épuré de trop de contextes.
Je relis les critiques, qui crient au chef-d’oeuvre, et je reconnais les arguments avancés. Je pense que ce n’était juste pas un livre pour moi, à ce moment précis.
Je publie cette critique avec un sentiment d’imposture, mais j’ose le faire, car j’espère échanger sur votre lecture personnelle de ce roman, ainsi que sur votre appréciation.
Je devrai peut-être le relire pour savoir si je ne l’ai pas simplement lu de travers, la première fois. Un premier rendez-vous manqué.
Laissez un commentaire sur cette critique