Nos renoncements
09 août 2022
Critique par Gabriel Marcoux-Chabot

Nos renoncements, de Julien Gravelle, est un essai que tout homme, je pense, devrait lire au moins une fois dans sa vie.
Le message général du livre est assez simple et pourrait se résumer ainsi : les hommes auraient avantage à s’inspirer des avancées du féminisme pour reconnaître les souffrances que leur impose le mode de socialisation masculine dans lequel ils ont été élevés. De cette manière, ils arriveraient plus facilement à s’en libérer, et pourraient mener une vie plus saine, pour eux-mêmes et pour les autres.
Ce qui fait la grande force de cet ouvrage, c’est à mon avis l’auteur lui-même. Julien Gravelle habite au nord du Lac-Saint-Jean, où il a travaillé comme guide de plein air avant de devenir intervenant dans un organisme offrant des services aux hommes ayant des comportements violents. Disons que les mâles virils, évoluant dans un contexte on ne peut plus traditionnel, il les connaît bien pour les fréquenter au quotidien. En même temps, Julien Gravelle est un intellectuel, détenteur d’une maîtrise en philosophie, attentif aux avancées des sciences sociales et ouvert aux discours militants. C’est un homme, donc, qui, avec humilité et empathie, parle aux hommes de leur propre réalité, en puisant dans un bagage de connaissances et d’expériences qui confère à ses propos une très grande portée.
À la fois simples et éclairantes, ses réflexions ont le grand avantage de mettre au jour des mécanismes qui s’appliquent autant à des situations extrêmes (meurtres, suicides, agressions sexuelles) qu’aux multiples inconforts que vivent au quotidien les hommes d’aujourd’hui. Ainsi, chacun, peu importe sa situation, ses problématiques, ses questionnements (ou son absence de questionnements), peut y trouver des outils, des concepts-clés, qui lui permettront de mieux comprendre ses attitudes et ses comportements et, ultimement, d’avoir une meilleure prise sur le développement et l’expression de son identité.
Avec ce petit livre sans prétention, qui pourrait facilement passer inaperçu, Julien Gravelle fait vraiment oeuvre utile.
Mon seul regret, après l’avoir lu, c’est de l’avoir laissé traîner sur ma table de chevet trop longtemps.
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