Dante et Aristote découvrent les secrets de l’univers
26 novembre 2021
Critique par Julien Renaud
«J’avais l’impression que quelque chose clochait chez moi. Que j’étais une énigme, surtout pour moi-même.»
Aristote, 15 ans, est un garçon incompris de lui-même qui estime que sa vie «est l’idée de quelqu’un d’autre». Mais c’est surtout un garçon en quête d’identité, loin d’être rendu à affirmer sa personne, sa personnalité. Qui ne sait pas encore qui il est, ni qui il sera, ni qui il souhaite être. L’auteur nous invite donc à suivre Aristote dans cette démarche rugueuse qu’est la découverte de soi.
Cette difficulté à se définir, on la retrouve partout, déclinée via des personnages ou des situations qui portent au questionnement, à la remise en doute. La jeunesse, les racines culturelles, les traumatismes, les classes sociales, la diversité sexuelle, les déchirements familiaux ; tout est matière à réflexion. Matière à découverte.
«Nous livrons tous nos guerres personnelles.»
Sans brusquer comme d’autres œuvres du genre, ce roman est archéologique. On déterre petit à petit, on enlève de la poussière et on fait des trouvailles. Le vent souffle des particules d’identité, parfois brusquement, parfois sans même qu’on ne s’en rende compte. Aristote se définit lentement, mais sûrement, souvent sans laisser le moindre indice de son parcours.
«L’Ari que j’avais été n’existait plus. Et l’Ari que je devenais? Il n’existait pas encore.»
Cette démarche de découverte prend comme socle Dante, le premier et meilleur ami d’Aristote, qui, lui, s’assume et s’affirme. Un jeune homme doté d’une curiosité et d’une sensibilité plus prononcées que la normale, capable de se définir en quelques mots ou quelques pages, dans une lettre écrite à la main.
«Un jour, je découvrirai les secrets de l’univers. […] Je changerai le monde.»
En regardant les étoiles ensemble et en se bousculant chacun par leur rythme si différent, les deux garçons évolueront parallèlement et perpendiculairement, consciemment ou non.
Aristote s’ouvrira un peu, bénéficiant d’une vulnérabilité qu’il s’était toujours empêché de montrer. Et c’est là qu’il pourra commencer à mettre de la couleur sur le dessin de sa personne.
«Voilà ce qui clochait chez moi. J’avais essayé de découvrir les secrets de l’univers, les secrets de mon corps et de mon cœur. Toutes les réponses étaient proches et je les avais repoussées sans même m’en rendre compte. […] Je ne m’étais pas autorisé à le penser, à le ressentir.»
J’ai particulièrement apprécié la narration très intime. Ce récit tout en douceur nous oblige à s’attacher aux personnages, avec un mélange d’empathie pour le présent et d’espoir pour la suite. On ressent l’incertitude, la douleur de l’incompréhension et la lumière qui accompagne chaque étincelle de révélation.
Ce récit jeunesse s’adresse aussi bien aux adultes, à mon avis. L’œuvre, sans être parfaite ou grandiose, permet de sensibiliser à la diversité sexuelle sans brusquer, sans trancher. De manière humaine, sensible et souple, elle aborde le thème universel de l’identité. Avec une voix qui mérite de trouver écho dans l’univers.
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Pour lire la critique d’Isabelle Blier, cliquez ici.
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