Découvrez les oeuvres finalistes et les commentaires des jurys !
Oeuvre lauréate
Ayant fait récemment son apparition dans le paysage littéraire, Soleil Launière impressionne par sa voix percutante, unique. L’auteurice, en mêlant habilement théâtre, autofiction et poésie, exploite une métaphore puissante, symbolisée par l’orignal suspendu au plafond. Cette image, loin d’être violente, se révèle comme une offrande, un acte de partage de soi avec le public, une démarche de réappropriation culturelle et personnelle. Launière porte un discours subtil sur la quête identitaire, entre la réalité de l’urbain et le rêve du peuple ancestral, tout en tissant des ponts entre le passé, le présent et l’avenir de la culture autochtone. La forme hybride de son récit, sa langue vivante et ses montagnes russes oscillant entre fragilité et assurance accentuent la puissance du témoignage de ses propres blessures et de sa force intérieure. Akuteu transcende les revendications souvent entendues, les dépassant par une volonté de prise de parole et de pouvoir.
Oeuvre finaliste
Le recueil Les étoiles se sont rapprochées de Mylène Bouchard soulève le lecteur par son souffle mélancolique et son adroit mélange des genres. La poétesse renouvelle l’approche des thèmes de la passion et de la perte en empruntant une forme rafraîchissante de poésie épistolaire. En s’appuyant sur la force évocatoire des mots, elle démantèle les illusions, elle tente de surmonter la rupture et elle apprivoise la douleur qui en découle. La symbolique des étoiles, omniprésente, évoque l’immensité du sentiment amoureux et la fragilité de sa persistance, basculant entre présence et absence, lumière et obscurité. Au fil des strophes, Éros et Thanatos se mêlent en un langoureux baiser, laissant le lecteur désarmé et pantelant entre le vivant désir jamais assouvi et l’inévitable menace de l’oubli. Les cœurs brisés, les esseulés, se retrouveront dans ces pages qui rendent hommage aux personnes qui ont connu la peine incommensurable d’un amour non partagé ou perdu.
Oeuvre finaliste
Le jury se réjouit de la profondeur et de l’originalité de Coup de vieux de Larry Tremblay. À travers une mise en abyme audacieuse de la condition humaine, la pièce dévoile avec finesse et ironie la complexité du passage du temps sur les êtres et sur les relations. Les protagonistes se livrent à des échanges décousus et souvent absurdes, abordant des thèmes variés tels que la maladie, le deuil, l’intolérance et l’incommunicabilité. L’auteur, en intégrant la figure du clown, évite la caricature et enrichit le récit en faisant appel à la tragicomédie. Ce personnage lugubre et discret incarne la dualité entre la vie et la mort. Avec une économie de moyens, Tremblay réussit à toucher aux aspects les plus délicats de l’existence, tout en introduisant une critique acérée de la place des aînés dans notre société. L’œuvre propose une vision cynique de la décrépitude et des épreuves inhérentes au vieillissement sans pourtant perdre son côté désopilant.
Oeuvre lauréate
Dans son deuxième roman d’autofiction, Michelle Lapierre-Dallaire raconte sa relation tumultueuse avec sa mère, une femme magnétique et solaire, mais également dépressive, alcoolique et imprévisible. Fascinée par l’attraction que celle-ci exerce sur les hommes, la narratrice voit peu à peu leur relation fusionnelle se transformer en rivalité. Avec son sens aigu de la formule, l’autrice scrute les multiples facettes du désir, naviguant entre répulsion et excitation. Ce récit d’une intensité poignante nous immerge dans une relation toxique marquée par les abus, la violence et la misère. L’écriture, sans déguisement ni artifice, évite la victimisation tout en abordant sans détour des thèmes très durs. Enfin, le roman décortique les dynamiques relationnelles avec une brutalité révélatrice, assaillant le lecteur de fulgurances aussi dérangeantes et frontales que puissantes et senties.
Oeuvre finaliste
Dans La Pieuvre, Claude Ferland Milewski transporte le lecteur dans une histoire d’amour vibrante de créativité. Hippolyte, jeune âme imaginative, partage sa vie avec sa mère, la poétesse Ophélie Lazard. Aux côtés de son amie Odile, surnommée la folle, il réinvente le monde continuellement. L’arrivée de Clément chamboule leur équilibre, entraînant le trio à parcourir la ville en quête de sensations fortes, entre cigarettes sous les étoiles et jeux inventés. La narration extraordinaire, paradoxalement heureuse et triste, illustre l’incidence de la santé mentale avec une grande sophistication, livrant un point de vue inusité grâce à une focalisation interne fascinante. Les personnages adolescents sont rendus avec une ferveur presque palpable, rendant le récit enivrant et immersif. L’abondance des références culturelles et une conclusion surprenante amplifient l’impact émotionnel de ce premier roman joyeusement rebelle et libérateur.
Oeuvre finaliste
Ce premier ouvrage de Joël Martel invite le lecteur à revivre les souvenirs marquants de sa vie à travers une mosaïque de moments non chronologiques. Situé dans le décor almatois entre les années 80 et l’après-Covid, le récit répertorie les pertes qui ont ponctué son parcours. Au fil des pages, le temps semble s’étirer pour faire revivre au ralenti les instants qui ont transformé l’auteur, notamment la douloureuse épreuve du deuil périnatal. Avec une désarmante humanité, Martel célèbre la vie, sa beauté fragile et l’héritage parfois étonnant que les défunts laissent derrière eux. L’intimité du texte, centré sur sa relation avec son père et d’autres disparus de sa famille, touche fortement. Le livre dédramatise la mort de façon rassurante, soulignant la cohabitation du tragique avec le quotidien. En rappelant que le deuil fait indissociablement partie de la vie, la narration tendre, douce, réaliste et souvent teintée d’humour révèle une sensibilité que les projets précédents de l’auteur laissaient seulement pressentir.
Oeuvre lauréate
Dans le roman jeunesse À cran de montagne de Sébastien Gagnon, l’aventure de quatre adolescents en forêt dépasse la simple escapade. Leur voyage se métamorphose en une expédition chargée de révélations et de dilemmes intimes. La structure polyphonique permet de découvrir les événements à travers les perspectives de chaque personnage, enrichissant ainsi la profondeur et la crédibilité de leurs expériences. Le langage populaire, émaillé de québécismes et d’anglicismes, ancre les dialogues dans une réalité vivante et accessible. L’auteur brille par sa capacité à saisir les défis de l’adolescence — l’amour, la liberté, le consentement, etc. — tout en dédramatisant les erreurs courantes commises à cet âge. La narration rythmée et les descriptions évocatrices propulsent l’intrigue avec vigueur. Grâce à une conclusion réfléchie et constructive, ce roman séduit aussi bien les garçons que les filles, offrant une lecture fascinante et révélatrice.
Oeuvre finaliste
Dans cet album jeunesse de Larry Tremblay, les illustrations majestueuses accompagnent un texte poétique et sincère. L’auteur confère une dimension humaine à cette sympathique souffleuse chicoutimienne, la transformant en un personnage animé de sentiments, rendant ainsi l’histoire à la fois attendrissante et divertissante. L’originalité du récit repose sur la personnification ingénieuse de l’engin de déneigement, tandis que les noms typiques des rues locales ajoutent une touche authentique. Tremblay se distingue par sa capacité à changer une situation angoissante en une leçon pour les jeunes lecteurs, proposant une réflexion nuancée sur l’hypersensibilité, la prévention et la sécurité. La surprise finale de La Souffleuse, tout en bienveillance, ainsi que les jeux de mots apportent une dimension ludique. Sous le signe de l’excellence, l’œuvre sort du lot grâce à une progression astucieuse en crescendo qui séduira petits et grands.
Oeuvre lauréate
Dans son récit, Frédérick Lavoie, ébranlé par les expériences vécues lors d’une série de reportages sur la qualité de l’eau au Bangladesh, réfléchit au rôle social et à la posture singulière du journaliste d’enquête, et tout particulièrement, à la place qu’il occupe et qu’il souhaiterait adopter sur la scène publique. L’auteur ne se contente pas de décrire le monde dans lequel il est plongé ; il interroge la portée de son travail sur le terrain et la complexité des situations qu’il tente de rendre intelligibles. C’est une œuvre à la hauteur de ses ambitions, témoignant d’un écrivain-journaliste-philosophe au sommet de son art. En bousculant les conventions et en mettant en lumière l’omniprésence des biais influençant notre compréhension, il nous pousse à envisager une pratique du journalisme plus subjective que nous aurions pu l’imaginer de prime abord. Troubler les eaux ne sert pas de réponses toutes faites, mais appelle à une introspection sur la manière dont nous percevons et construisons notre réalité.
Oeuvre finaliste
Dans son essai, Mélikah Abdelmoumen observe comment l’engagement social a façonné la vie de sa grand-mère, de sa mère, d’elle-même et de sa fille, et par extension, celle de nombreuses personnes. L’implication « ordinaire » se dessine comme une trajectoire indispensable pour vivre librement, pour échapper aux contraintes imposées par un milieu souvent traditionnel et contraignant. La place des femmes, le rapport salvateur aux autres et le don de soi émergent de sa réflexion comme des moteurs essentiels de toute lutte sociale. L’autrice propose un raisonnement riche, ravivant la mémoire collective en remettant sous les projecteurs des figures souvent négligées par l’Histoire. Le jury a noté l’acuité des observations, qui révèlent beaucoup sur la l’humanité à partir de quelques expériences anecdotiques. Les engagements ordinaires enseigne que la force d’affronter les petites souffrances journalières donne les armes nécessaires pour combattre les plus grandes injustices.
Oeuvre finaliste
Dans Soigner la médecine, Jean Désy parle d’humanité au cœur de l’acte médical, de cette attention primordiale à accorder au lien qui unit tous les humains. L’auteur dénonce la place centrale des diagnostics et des procédures dans la médecine moderne, soulignant la distance croissante qui se creuse entre les soignants et les patients. L’âme, cette part insaisissable et mystique des êtres, exige d’être considérée malgré une approche de plus en plus technique des soins. Avec son écriture poétique, le médecin utilise le fragment pour établir des parallèles entre ses convictions et son vécu professionnel. D’une anecdote à l’autre, la mort et la maladie, redoutables et empreintes de beauté, s’imposent comme des révélateurs de la nature humaine. Cet essai rappelle qu’il faut replacer l’empathie et l’écoute au cœur de nos institutions de santé ainsi que faire face ensemble à la solitude et à la souffrance par une connexion sincère d’âme à âme.
Catégorie Découverte
*Ce prix est décerné à un.e auteur.rice dont la première publication, en lice dans l’une des quatre autres catégories, révèle un grand potentiel à faire œuvre d’écrivain.e.
Oeuvre lauréate
L’oeuvre de Soleil Launière est également lauréate dans la catégorie Poésie / Théâtre déjà présentée ci-dessus.
Oeuvre finaliste
Ce roman jeunesse incontournable aborde avec une perspicacité remarquable les questions liées à l’identité des jeunes autochtones. Grâce à une narration en « je » sous forme de journal intime, l’œuvre immerge le lecteur dans les tergiversations intérieures de l’héroïne, déchirée entre la quête de soi et la dualité de deux univers distincts. L’intersection entre la bispiritualité ethnique (Autochtones et Blancs) et la bispiritualité sexuelle (hétérosexualité et homosexualité) permet de comprendre l’ampleur de la difficulté de trouver sa place en vivant un tel combat interne. Avec une plume à la fois délicate et imagée, Envole-toi, Mikun s’avère une lecture essentielle pour sensibiliser la population aux réalités des nouvelles générations issues des Premières Nations et favoriser une compréhension interculturelle. Ce premier ouvrage annonce de futures publications prometteuses de la part de Moira-Uashteskun Bacon.
Les commentaires des jurys ont été rédigés par Sandra F. Brassard.