Transidentité
12 décembre 2021
Critique par Micheline Poulin
Mikaël, le personnage principal de Transidentité, se dégoûte. Et depuis longtemps. Dès le primaire, il sait que quelque chose cloche chez lui et il est mal dans sa peau. Il supporte les insultes, les coups, le taxage. Parce qu’il préfère les activités de filles, parce qu’il est étrange, un freak. Au début du cégep, il a une blonde et quelques amis. Sa famille est une famille ordinaire, comme tant d’autres.
Un jour, une amie l’invite à une réunion du groupe Arc-en-semble… Parmi ces jeunes, il se sent enfin à sa place…
Sa masculinité n’est pas lui, n’est pas ce qu’il est à l’intérieur. Il est une femme et il doit aller de l’avant avec sa quête de vivre une vie de femme. Avec l’aide d’amies et d’intervenants, il entreprend le processus qui le mènera à sa transition.
«J’ai peur d’être malheureuse dans mon corps toute ma vie.»
«J’aimerais dormir. Et ne plus me réveiller.»
«Je pensais sincèrement pouvoir vivre une belle vie en tant qu’homme.»
«Je ne suis qu’un pantin manipulé par les autres.»
«J’ai mal à mon corps. J’ai mal à mon coeur. J’ai mal à mon âme.»
Le sujet est magnifiquement exploité, tout en nuances et en délicatesse. L’auteure aborde les questionnements de Mikaël/Marika, qui souffre en silence et qui doit se choisir et choisir son avenir. Le vivra-t-il en femme ou en homme? J’ai suivi Marika tout au long de son cheminement. Une fois sa décision prise, elle doit aller de l’avant et j’ai vécu son anxiété, sa hâte d’être enfin heureuse.
Le roman objective bien, et sans la caricaturer, la réaction de l’entourage. Que ressentiriez-vous si votre fils/fille, votre frère/soeur, votre meilleur.e ami.e, votre copain/copine, vous disait qu’il/elle est transgenre et qu’il/elle décide de faire une transition? Comment est-il possible d’entrevoir et d’accepter que ce processus soit une question de survie favorisant l’acceptation de soi pour un être que vous aimez? Comment accepter que cette personne change?
Des amitiés dureront, des liens se briseront…
Et Marika est bouleversée par les réactions de son entourage…
Les romans de la collection Tabou objectivent une problématique sérieuse et sensible pour les jeunes. Les sujets sont toujours bien traités et des ressources, que ce soit au Québec ou en Europe, sont fournies dans les dernières pages.
L’intrigue réaliste permet un partage d’informations sur la transsexualité et la transition sous forme de fiction. Fluidité du texte. Narration interne du point de vue de Mikaël. Les chapitres sont courts. Les personnages sont une force. Coup de coeur pour Tiffany et Chihiro. Et même pour le Munchlax, une solution qui me paraît utile dans de nombreuses situations… La couverture est magnifique.
J’ai refermé le livre en ayant appris sur un sujet qui m’était inconnu et plutôt nébuleux. Je me suis mise à la place de Mikaël, comme à celle de sa mère ou de sa blonde. Je trouve que l’auteure a envisagé et traité tous les points de vue dans son roman.
La fin positive illustre que malgré que le parcours soit ardu, de l’aide sera fournie par des professionnels et par l’entourage. À travers sa fiction, l’auteure fait réaliser au lecteur que la communication, même si parfois difficile, est primordiale et au centre de toute réussite.
Je le recommande.
Note: 17,5/20
Quatrième de couverture:
«Quelle identité de genre vous définit ?» Cette stupide question! Celle qui me trotte dans la tête depuis que je l’ai lue dans un formulaire. Je dois me rendre à l’évidence, j’y pense constamment. Elle m’a fait comprendre pourquoi je me suis toujours senti différent. J’ai eu beau les enterrer sous une épaisse couche de déni et d’évitement, mes questionnements ne sont pas disparus.
À sa première journée au cégep, Mickaël revoit Chihiro, une connaissance avec qui il se lie rapidement d’amitié. Quand il l’accompagne à une soirée de l’association LGBTQ+ qu’elle fréquente, sa vie bascule. Car derrière la façade parfaite qu’il s’est créée se cache une haine de lui-même et de son corps. Chaque fois qu’il regarde son reflet dans le miroir, il ressent un mal-être plus grand. Un mal-être qui le détruit à petit feu. Un mal-être qu’il ne peut plus garder pour lui.
Laissez un commentaire sur cette critique