Tous les chemins mènent à l’ombre

03 juin 2021

Critique par Julien Renaud

La nouvelle est un genre littéraire qui mise sur la puissance et l’économie des mots pour créer des ambiances fortes, susceptibles de transcender la fiction. Un tour de force accompli avec brio par la Saguenéenne Dany Tremblay.

Quelques-unes des 24 nouvelles m’ont mis la larme à l’oeil; d’autres m’ont ravagé; certaines m’ont ouvert les yeux.

Les thématiques sont assez sombres, puisque l’on parle d’ombre. L’obsession, la folie, la détresse et la violence – psychologique, physique et sexuelle – sont autant de thèmes abordés. Les univers sont mystérieux, à de rares occasions insaisissables; l’écriture, brute, authentique. La vulnérabilité des personnages résonne en nos tripes. Les sentiments vécus sont transmis aux lecteur.rice.s sans la moindre interférence.

Je suis contraint de déborder des habituelles trois étoiles et d’opter pour un top-5.

1- Parenthèse, magnifiquement écrite et percutante, dans ses subtilités comme dans sa brutalité, qui traite du suicide d’un ami «différent». «Pas de lune, pas d’étoiles, que du deuil dans le ciel et ce vaisseau lancé sur ses traces.»

2- Bessi Beque, une nouvelle mystérieuse qui oppose folie et lucidité, inconscience et conscience, pitié et dégoût, l’ombre de soi et l’ombre de l’autre. «Le seul moyen de tenir tes peurs à distance, c’est de te parler. Tu sais, j’inventerai des mots, s’il faut.»

3- Accessoire, bouleversante, qui nous plonge dans l’intime douleur d’une jeune femme qui se fait agresser sexuellement. Pendant le viol, celle-ci fixe les nuages et le ciel, qu’elle ne verra plus jamais de la même manière, et tente de s’extirper de son corps. Le lyrisme bien dosé en nourrit la charge émotive.

4- Par deux fois, ficelée avec une extrême minutie, coup de coeur et coup de poing à la fois, qui traite de fin de vie et de dignité. En la terminant, j’ai fermé les yeux pour mieux l’absorber.

5- Dossier clos, longue d’à peine plus d’une page, sur la volonté de s’effacer, dans une simplicité déconcertante.

Laissez un commentaire sur cette critique

Autres critiques littéraires
Territoire de trappe

Sébastien Gagnon et Michel Lemieux

Obsolète

Alexandra Gilbert

À la maison

Myriam Vinvent