Nirliit
23 septembre 2022
Critique par Patricia Rainville
« Nirliit » signifie « oies » en inuktitut. Un choix de titre judicieux pour un roman qui met en scène ceux et celles qui migrent vers le Nord pour y travailler et ces Nordiques qui aimeraient tellement migrer vers le Sud pour ne plus jamais revenir.
Mais Nirliit, c’est avant tout l’histoire d’Eva et d’Elijah, deux habitants de Salluit, dans le nord de la province. Deux Inuit qui ne migrent pas, mais qui côtoient ceux et celles qui montent au nord de façon ponctuelle, comme ces travailleurs de la construction ou ceux du milieu de l’éducation. Ces oies qui bousculent leur vie. En bien, comme en mal.
« Elle n’est jamais allée à Québec, il a dit que c’était joli, il a dit que ça ressemblait à l’Europe, mais elle n’est jamais allée en Europe non plus. Elle se demande si elle sait assez de choses pour lui, si elle a visité assez d’endroits, elle entend parler les Blancs, ils ont toujours un tas de choses à dire, elle n’a rien à dire, elle, elle voudrait simplement lui dire qu’elle l’aime, mais elle n’ose pas. »
Le roman, écrit par Juliana Léveillée-Trudel, est une incursion au coeur des communautés inuites, vue et décrite par une « Blanche », mais habilement tissée. Ceux et celles qui ont eu la chance de visiter les communautés autochtones isolées par des centaines de kilomètres les unes des autres apprécieront certainement ce voyage dans le nord du Nord et tous ces personnages qui s’y rattachent.
J’ai adoré. Un sublime roman, qui figure en tête de mes coups de coeur cette année. Un gros 5 étoiles, sans hésitation.
J’ai adoré l’écriture «au tu» et remplie d’images de Juliana Léveillée-Trudel.
J’ai adoré l’univers nordique aride, mais aussi rempli de luminosité.
Le roman, divisé en deux parties, la première pour Eva et la seconde pour son fils Elijah, bouleverse, touche et secoue.
La deuxième partie m’a davantage plu que la première, plus rythmée et dont les personnages semblent davantage étudiés et ficelés.
Nirliit est le premier roman de Juliana Léveillée-Trudel, qui travaille dans le milieu de l’éducation au Nunavik depuis plus de 10 ans. Très hâte de me plonger dans son deuxième «On a tout l’automne», dont la sortie est prévue pour le 4 octobre prochain.
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