Les lois du jour et de la nuit

20 novembre 2020

Critique par Julien Renaud

Les lois du jour et de la nuit m’a, en quelque sorte, servi d’introduction à l’univers fantastique et à l’horreur, des styles littéraires que je n’avais pas côtoyés depuis mon adolescence.

Le roman d’Emmanuelle Caron m’a donc sorti de ma zone de confort, de ma zone de lecture. Et j’ai apprécié ce changement d’univers. Vite, je me suis rendu compte que le genre repose énormément sur le descriptif: plus l’auteur crée une ambiance, plus la tension de la trame narrative est puissante. Sans être plongé.e pour autant dans l’action, le lecteur.rice reste sur le qui-vive.

«Autour de la maison, un grand chien rôde, les poules sont étranglées, une glaire blanchâtre recouvre les plantes du sous-bois.»

Peu à peu, je construisais une image mentale des lieux, image qui s’est précisée jusqu’au dénouement du premier volet.

Premier volet? Oui, Les lois du jour et de la nuit, c’est pratiquement deux romans en un.

D’abord, on se promène avec Marguerite dans l’étrange forêt qui l’a vue grandir, avec des personnages surnaturels, dont sa mère et son frère. Ce premier volet réussit par ses descriptions précises et envahissantes, mais déçoit par son dénouement précipité. Malheureusement, l’autrice semble avoir oublié son souci de la précision pour le point culminant.

Puis, dans les 70 dernières pages, on change de décor, d’ambiance et de genre littéraire. Armand, le conjoint de Marguerite, devient le personnage central. Nous voilà en zone de guerre. Armand passe bien près de mourir et devient prisonnier de l’ennemi. Avec un confrère, il tente de s’échapper.

Ainsi, on passe d’un roman d’ambiance à un roman d’action. Les personnages ont certes un lien, mais les trames narratives s’opposent en tout point. En aucun cas, l’auteure ne revient clore la première histoire avec un plus grand souci du détail, ce que j’ai espéré jusqu’à la dernière page.

Tout compte fait, j’ai aimé cette lecture, heureux de changer de genres littéraires et d’élargir mes horizons. J’ai apprécié le travail méticuleux d’Emmanuelle Caron pour construire un environnement réellement troublant, mystérieux, mais la fin trop abrupte et bâclée a gâché le build-up descriptif. À la limite, j’aurais laissé faire l’histoire d’Armand, bien qu’elle soit très agréable à lire et m’ait tenu en haleine, pour renforcer le point culminant et la chute de l’affrontement ultime de ce roman à demi fantastique, si ce n’était qu’une question de nombre de pages.

Laissez un commentaire sur cette critique

Autres critiques littéraires
Territoire de trappe

Sébastien Gagnon et Michel Lemieux

Obsolète

Alexandra Gilbert

À la maison

Myriam Vinvent