L’autre ciel
09 septembre 2021
Critique par Julien Renaud
Ce récit poétique sur la quête d’un autre soi réussit un tour de force: livrer une oeuvre entière à partir de fragments. Chaque page est un nouveau souffle, et il faut bien prendre le temps d’attraper chaque poussée d’air au vol pour la lier à la suivante.
Il faut aider Marie-Madeleine à respirer, elle qui «est si mêlée qu’elle fait des noeuds dans le ciel». Cette prostituée «mariée à la poussière» se tourne vers le ciel dans l’espoir de devenir elle, de devenir autre. D’étouffer le gris sous des couleurs qui ne se sont jamais révélées. Pour ce faire, elle se couche entre un lit de métal et un bistouri, dans une clinique mystérieuse qui doit lui offrir une autre vie.
«Il faut qu’il y ait un autre ciel», implore-t-elle.
Devant ce carrefour de vies, Marie-Madeleine livre ses mémoires, avec toute la noirceur que son existence suscite, elle «qui se déplace au gré de ses haut-le-coeur et qui reste au pied de toutes les croix».
«Depuis qu’elle est jeune, elle se tue souvent, dans son coeur, dans sa tête, à la maison, sur terre, dans le ciel.»
Marie-Madeleine «a, si peu / elle veut, grandiose».
Voilà un magnifique objet littéraire, par sa couverture et sa mise en page. Mais le contenant ne fait qu’étreindre le contenu, un récit touchant, unique, magnifiquement écrit et qui emprunte des voies originales. Les images sont fortes et colorées, poussées par des références bibliques et météorologiques qui ne sont en aucun cas des détours, des nids-de-poule ou des dos d’âne. L’auteur arrive à croiser des routes pourtant parallèles par la simple force du lyrisme et de l’intime.
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