L’albatros et la mésange

01 février 2021

Critique par Micheline Poulin

Wow. Méga COUP DE COEUR…

Jean-Baptiste et Mélodie ont 17 ans et, entre les pages de ce magnifique roman, ils vont se rencontrer, se découvrir, s’accepter et s’apprécier malgré leurs différences. Mais sont-ils si différents? Et que peuvent-ils s’apporter?

Jean-Baptiste, surdoué et «zèbre peut-être trop passionné pour être heureux», est un grand passionné des oiseaux et de la nature. L’élève de cinquième secondaire travaille à un essai à présenter au concours Jeune scientifique de la Fondation pour demain, dont la bourse est un stage rémunéré de six semaines avec des scientifiques du mont Mégantic. Il est l’aîné d’une famille nombreuse et catholique pratiquante, mais il ne croit plus en Dieu.

Mélodie vit seule avec sa mère. Elle voit son père à l’occasion. Elle a eu un coup de foudre pour Elio, un jeune homme plus vieux qu’elle. Un soir, il abuse de l’adolescente. Les gens croient qu’elle se porte bien, mais ils se trompent: « [J]e marche à côté de moi-même […]» Elle a perdu ses illusions. Comment oublier et pardonner? Comment guérir? «Je suis une guitare sans cordes, un violon sans archet, une flûte sans bec. Si j’étais un son, je serais une fausse note.» Elle doit continuer sa vie malgré tout et effectuer un stage en garderie en milieu familial pour compléter un programme d’excellence associé à ses études. Elle ne connaît rien aux enfants. De manière surprenante, elle trouve du plaisir avec les petits. Maryse, qui tient cette garderie, est la mère de Jean-Baptiste, le gars à chapeau qui lui a crié dessus sur le mont Royal… Elle le verra dorénavant chaque jour…

Et s’ils partageaient les mêmes valeurs, la même conscience sociale? S’ils pouvaient s’entraider en partageant de lourds secrets? S’il existait un être à qui tout dire et qui pourrait tout comprendre?

J’y ai vu une profonde réflexion sur les êtres humains et la nature, sur la cruauté et la tristesse, sur la solitude et le suicide. Les thèmes du viol, de la perte, de la foi et de la famille sont abordés. «Quand on est croyant, on peut se reposer un peu en laissant Dieu être Dieu.»

Les personnages de Mélodie et de Jean-Baptiste sont fabuleux. Ils sont nuancés et vrais. Ils veulent vivre pleinement et leurs valeurs font chaud au coeur. Lili, Mado, Mathieu (les enfants de Maryse), Luis et Gris-gris sont parmi mes coups de coeur.

Magnifiques descriptions sur les oiseaux et sur la nature. Des faits et des dialogues percutants: «C’est pas juste un écureuil. C’est un écureuil.» «La planète bleue a perdu 60% de ses vertébrés sauvages entre 1970 et 2014. Le poids combiné de nos animaux de ferme représente près de 10 fois celui des animaux sauvages.»

Les chapitres de ce roman réaliste et original sont courts et à voix alternées, permettant l’accès aux pensées intimes de ces beaux jeunes si torturés qui cherchent une place, leur place, et le bonheur.

Une plume magique dessine des phrases et des mots porteurs de sens.

Je ne voulais pas terminer cet excellent roman dans lequel j’ai croisé une sauterelle bleue, j’ai dormi avec les oies blanches du cap Tourmente, j’ai reçu une plume de geai bleu, j’ai ri des mots d’enfants et où un jeune qui porte le chapeau de son grand-père m’a séduite.

L’albatros et la mésange: le génie dans la simplicité.

Je le recommande aux jeunes comme aux moins jeunes. Les personnages m’accompagneront longtemps, alors laissez-vous séduire.

Note: 20/20

Quatrième de couverture:
«Mélodie et Jean-Baptiste ont 17 ans. Il vit au sein d’une famille nombreuse; elle cohabite avec sa mère. Mélodie tente de survivre à une peine d’amour dévastatrice; Jean-Baptiste lutte contre une éducation religieuse envahissante. Elle prend ses études à coeur; il se donne tout entier à son projet sur l’éthologie, l’étude du comportement des animaux. Ils apprendront à s’apprivoiser sous l’ombre des grands arbres du mont Royal, partageant leurs découvertes et leurs révoltes en ce printemps des oiseaux.»

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