La promesse de Juliette
01 décembre 2021
Critique par Geneviève Gauthier
Après La leçon de Rosalinde, l’auteur et professeur de littérature Mustapha Fahmi revient en force avec son deuxième livre publié aux éditions de La Peuplade, La promesse de Juliette.
Nous sommes conviés, dans cet essai, à une série de réflexions à la fois profondes et intimes, historiques et collectives. C’est aux côtés du roi Lear, célèbre personnage de la pièce éponyme de William Shakespeare, mais aussi d’Auguste Rodin, Van Gogh, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Emmanuel Kant, Dante, Tchékhov, Aristote et Oscar Wilde, pour ne nommer que ceux-là, que l’oeuvre se tisse à la manière d’une mélodie qui bat au rythme des rôles que nous jouons dans cette grande pièce de théâtre qu’est la vie.
Au fil des pages, le génie de Shakespeare rencontre celui de Fahmi: il faut, pour saisir la richesse des mots qui se trouvent sous nos yeux, y retourner pour y redécouvrir à chaque fois toute la profondeur et la singularité de l’expérience littéraire et, par extension, humaine. Face au cynisme et au non-sens qui peuvent émerger le long de la route, cette oeuvre nous invite à revisiter ce qui nous rend humains, ce qui détermine l’atteinte du bien-vivre, tel que compris par Aristote.
Écrite de manière accessible et sous forme de courts textes, l’oeuvre est une invitation à l’ouverture et à l’équilibre fragile qui tisse notre rapport au monde et aux autres. La nécessité retrouvée de ralentir et de s’intéresser aux histoires de ceux que nous aimons, car elles sont fondatrices de leur identité et, par conséquent, de la nôtre.
Source intarissable de sagesse et de contemplation, La promesse de Juliette nous convie à revisiter nos amitiés, nos amours, nos errances et nos vertiges. L’auteur nous reflète qu’il sommeille en chacun de nous un roi Lear, que nous apprenons à connaître plus tard dans la vie. Quand la solitude et l’indifférence guettent notre vieillesse, il nous est encore possible de grandir à travers la contemplation de la beauté et la reconnaissance mutuelle de nos fragilités. La rencontre avec la beauté crée ainsi l’essence poétique qui nourrit les écrivains et les penseurs depuis des siècles: l’amour, dans ses écueils, mais, surtout, dans l’immensité de ses promesses.
Un essai à lire et à relire, sans modération.
Note: 20/20
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