Comme un ouragan
02 juillet 2021
Critique par Julien Renaud
«Je manque d’air en permanence. […] Courir après soi, c’est essoufflant.»
À la lecture du roman jeunesse Comme un ouragan, on retrouve le narrateur (et l’auteur) de Souffler dans la cassette, dans une formule tout aussi éclair et poétique. Cette fois, par contre, la trame est plus sombre, plus psychologique.
On reprend au moment où le ciel de la naïveté de l’enfance, scintillant d’étoiles de joie, vient de se fendre, au moment où les deux amis perdent d’un coup leur qualificatif d’inséparables, éloignés par des sentiments nouveaux.
«Tu sais, tu m’as toujours donné des petits papillons dans le ventre. La raison de ces gargouillis m’échappait à l’époque.»
Le garçon d’âge primaire s’adresse donc à cet ami perdu, à cet amour perdu. «Le vacarme le plus horrible, c’est le bruit de ton silence.»
Parallèlement, il y a une démarche d’affirmation, malheureusement induite par un puissant mal-être. Une démarche de libération. De respiration. «Je ne suis pas né pour être un ouragan, mais je ne suis plus capable de contenir mes rafales.»
Et ma fascination pour la puissance insoupçonnée des mots d’enfant a été servie, encore. «Des fois, je me dis que la vie, c’est une partie de basketball. On nous distribue un dossard à la naissance, comme si le médecin choisissait à notre place l’équipe à laquelle on va appartenir. J’ai peur qu’il se soit trompé, que l’équipe qu’il m’a assignée, me fasse perdre la partie.»
«Je suis… gai.»
Mais l’ouragan ne viendra pas. Sa meilleure amie et ses parents l’aiment «tout entier» et rien n’y changera. Le ciel fendu à la fin de Souffler dans la cassette se dégage de ses sombres nuages; la finale est tout sauf «comme un ouragan». C’est lumineux… et pertinent, surtout pour le public visé, les 10-14 ans.
«Maintenant, je suis moi. Complètement moi. Pour de vrai. Et j’ai réappris à respirer, j’ai retrouvé mon souffle.»
Je termine en précisant que j’ai préféré m’imprégner du lyrisme de l’oeuvre via la version audio plutôt que par le format papier, où la mise en page éclatée m’a distrait de cette puissante simplicité.
Pour lire ma critique de Souffler dans la cassette, cliquez ici.
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