À la recherche de New Babylon
20 juillet 2022
Critique par Julien Renaud
« Je savais que ça finirait comme ça. Avec moi qui crève et vous qui regardez. »
Cette phrase, inscrite avant le prologue du roman, ne pourrait mieux mettre la table.
On découvre d’ailleurs ce genre de phrases entre chaque chapitre, comme une note d’un personnage à notre attention. On les collecte, en cherche le sens, les additionne et les soustrait. Je les ai bien appréciées, ces fragments de réflexion.
« S’il faut mourir, je préfère mourir tué. Que ça fasse plaisir à au moins une personne. »
Par cette lecture, j’ai découvert un univers que je n’avais jamais exploré : le western. Ce genre, j’ai aimé le découvrir, avec les images qu’il m’a inspirées et la plume évocatrice de Dominique Scali, sans toutefois en être conquis. En fait, j’ai adoré l’omniprésence du mystère, cette quête de réponses, de liens, de dénouements sans fin, alors que le récit est entrecoupé, dans un désordre qui nourrit le genre. On échappe à la potence, à la balle fatale ou au coup de poing létal. On trotte de ville en ville, de taverne en taverne, toutes différentes, mais semblables et interchangeables, si bien qu’on en perd nos repères. On finit par abandonner l’idée de suivre les années et les lieux écrits avant chaque chapitre, pour simplement se plonger dans cette tonne d’univers, s’y enfoncer, avec les personnages, avant d’en être évincé.
On suit l’homme aux mille incendies, Charles Teasdale, la femme aux trente mariages, Pearl Guthrie, le meurtrier aux cent victimes, Russian Bill, et le pas-toujours-saint aux quatre carnets, le Révérend Aaron. Des destins qui se croisent et s’entrecroisent, sur la route de l’or et de la mort, dans un désert toujours aride.
La quatrième de couverture prédisait une quête enlevante, la poursuite « d’un idéal impossible », le désir viscéral de « bâtir soi-même la vi(ll)e rêvée », « de choisir son arène » où mourir, à la suite d’un ultime duel. C’était bien le cas, mais New Babylon ne prend jamais vraiment forme. J’aurais souhaité en vivre pleinement l’expérience, avec ses règles qui rejettent tous les modèles de civilité.
J’ai fermé le livre habité par un sentiment d’incomplétude. Ce roman débâtit sans rebâtir. Mais reste que ce fut un beau voyage, même sans destination finale.
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