13 étoiles, volume 1
17 mai 2021
Critique par Micheline Poulin
Après la défaite en Nouvelle-France, les Anglais offrent les choix suivants aux Français et aux Canadiens français vaincus: le retour en France, l’asservissement ou l’exil. Françoyse Pasquin choisit de rejoindre la Louisiane, qui est sous l’autorité de la France, pour continuer à vivre en français et selon la foi catholique. Sur la route, par une nuit de lune, elle trouve un bébé abandonné. Femme généreuse, maternelle et au grand cœur, elle prendra soin de cette petite fille. Elle a maintenant deux enfants: Charles et Moone. Quand la France perd la Louisiane aux mains de l’Espagne, Françoyse et les siens trouvent refuge en Caroline du Sud, à Boundary House. Le King’s Highway y passe tout près. Les bateaux accostent à Little River… Dans ce coin de pays, la rébellion se prépare…
L’histoire se répète pour Françoyse: l’ennemi est le même que celui qu’elle a connu. Elle sait que les ambitieux et les traîtres seront au rendez-vous, comme partout où il y a un profit à faire. Les mères et les épouses continueront de trembler, parce que l’Anglais se bat avec, à ses côtés, des amis de jadis, des presque-frères.
Les treize colonies deviennent le Congrès continental. Le sang est versé. Des morts, des blessés, des femmes outragées, des plantations brûlées, la terreur et la violence. Sans filtre.
J’ai adoré que l’auteur nous présente la vie de village. J’ai rencontré de nouveaux personnages, dont les frères Isaac et Francis Marion, patriotes. La vie se déroule lentement, au rythme des jours, des amitiés, des longs mariages. Les plantations de coton et l’esclavage sont bien implantés. Les propriétaires sont aisés et instruits. Ils ont des idéaux: « Le pays c’est le peuple. Aussi bien se gouverner soi-même et défendre ses droits.»
Des faits historiques sont relatés pour bien expliquer le contexte de l’époque: la bataille de Bunker Hill, le Tea Party, la Déclaration d’Indépendance de 1776. «Tous les hommes sont créés égaux; ils sont dotés par le Créateur de certains droits inaliénables; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur.»
Les hommes ont-ils vraiment tous les mêmes droits, même de nos jours? Les États-Uniens ont-ils oublié? Une citation du texte: «Je pense que la liberté n’est que blanche.»
Les personnages sont magnifiques et les amitiés profondes, comme celle de Mary O’Connor et de l’esclave Black Billy. Plusieurs croient en l’amour, même en des temps incertains.
Lentement, l’auteur nous raconte le climat qui se modifie dans les villages. Des clans se forment. Tories c. Patriotes. Les conflits et l’intimidation s’ensuivent.
Les événements s’enchaînent. Les armées de Washington sont décimées par la petite vérole. De défaite en défaite, La France envoie des armes et des soldats, dont le général La Fayette. Les personnages historiques côtoient les personnages romancés, pour notre plus grand plaisir.
Magnifiques descriptions. Qualité du français et de la syntaxe impeccable. Vocabulaire recherché.
J’ai été séduite par l’attachement profond des deux enfants pour leur mère, Françoyse. Celle-ci m’a bouleversée et touchée davantage que dans le premier livre («Les plaines de Nouvelle-France»). Elle est plus vraie, plus humaine, plus intense et proactive. Une femme de liberté. Un jour, Françoyse dit à Moone, qui est indépendante, convaincue de ses valeurs, consciente de ses talents: «Et tu changes aussi comme cette nouvelle Amérique.»
J’ai aimé que l’auteur aborde l’amalgame des peuples présents sur cette plaque tournante, dans une période aussi importante pour ce pays qui deviendra les États-Unis: les esclaves Noirs, les Cherokee, les Anglais, les Français et ceux qui ont vu le jour en terre d’Amérique.
Une citation me reste après la lecture de ce puissant texte historique et concerne la guerre: «Comment peut-on mettre fin aux horreurs par d’autres horreurs?»
Un beau roman sur les idéaux et sur le combat d’un peuple pour créer un pays.
Je félicite l’auteur pour son magnifique travail et sa recherche approfondie. Je tiens à souligner son talent de conteur.
Quatrième de couverture:
«1775. Moone Pasquin a 12 ans. Elle habite Boundary House, une plantation en Caroline du Sud, avec sa mère adoptive Françoyse, rescapée de la Nouvelle-France, ainsi que son frère Charles. Pendant que l’Amérique est convulsée par sa révolution, Moone vit les aventures, les expériences et les émotions qui la font passer d’adolescente à jeune femme. Les événements malheureux s’enchaînent et ne l’épargnent pas. L’hiver glacial à Valley Forge et la tragédie de la bataille de Barren Hill mettent sa force et son courage à l’épreuve. Le bonheur est néanmoins au rendez-vous en la personne de Lucien de Maugeois, comte de Boissières et compagnon d’armes du marquis de La Fayette. Si cette guerre peut enfin finir, qu’ils aient enfin le temps de s’aimer…»
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Femmes de liberté – Tome 1
Pour lire ma critique de Les plaines de Nouvelle-France, cliquez ici.
Femmes de liberté – Tome 2
Pour lire ma critique de 13 étoiles, volume 2, cliquez ici.
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